Bring it on home ; Amy.

tu crois que tu peux courir
plus vite que le monde ?

Port-Royal.
Ça faisait un bail que le bout de ses cuissardes n'avaient pas foulé son sol. Un bail, un vrai, un long - de ceux qui vous engloutissaient dans l'oubli.
Rien que de poser le bout d'un orteil sur le pavé lui causait des frissons. Des pieds à la tête, elle se sentit perdre un instant l'équilibre, le retrouver, le perdre à nouveau, et après quelques pas peinés - reprendre tout à fait le contrôle. La terre, pour elle, c'était une sorte de lointain concept, et tout ce qui n'avait ni coque ni voile était dépourvu de sens dans son cerveau détrempé. Elle en avait passé du temps en mer ; à croire que le sel avait grignoté ses sens.

Toutes les échappées belles avaient leurs retours. Malika aurait pu courir le monde, gravir les montagnes et fendre les mers ; elle aurait beau eu fuir le réel pendant des ans et des ans que tout ce qu'elle avait laissé dans son sillage l'aurait rattrapé. Et bien en somme, c'est ce qu'elle avait fait. Les lois de la physique disaient que la terre était ronde. Principe élémentaire numéro un...

La pirate ne traîna pas. Dans les parages, son couvre-chef fièrement flanqué du blason Aqua et sa longue tignasse rouge n'attirerait rien sauf des ennuis. Et des ennuis, elle en avait déjà tout son content; Ce qui répondait au doux nom de responsabilité, devoir, présidence, légitimité, tout ça ; elle l'avait jeté en même temps qu'elle avait levé l'ancre durant des mois. Principe élémentaire numéro deux : la gravité. Tout ce qu'on jette... tombe. Et quelles retombées.

Avant que ces projections du passé, que ces laissés-pour-compte et ces retours de flamme ne lui tombent sur le coin du museau, elle aurait décampé à nouveau. L'étiquette fugitive était brodée à sa cape blanche mitée par les grandes marées.

Malika quitta les pontons. Le navire qui l'avait laissé là n'était qu'un petit esquif spécialement choisi pour passer inaperçu. Elle s'engagea furtivement sur les quais, qu'elle arpenta tête baissée, le regard rivé sur le sol mal équarri. Quelques secondes et elle rasait déjà les murs ;
il ne lui fallut que quelques pas pour trouver sur sa route un parchemin crasseux où figurait en toutes lettres "Recherché, Sbire Magma". Le portrait d'un loubard inconnu y était incrusté à l'encre brune. Eh bien, voilà qui avait la côte en ce moment ! Les vers de terre. Faut dire que leur boss à eux ne s'était pas volatilisé comme un prestidigitateur de mauvais goût. Un rictus éloquent plus tard, et Malika avait disparu.

Elle s'était engouffrée dans la première échoppe sur sa route - échoppe jamais vue, et tant mieux -. Il n'était pas si tard et les chalands préféraient le centre de la zone pour vilipender sur le compte des Team, et picoler devant un panier de baies mangou. Ici cuvaient seulement des vieux loups de mer et des pêcheurs fourbus. Malika se tira une chaise et s'y écroula lourdement, rabattant son tricorne d'un geste preste de la main. Aucune chance que qui que ce soit ne la prenne sur le vif, elle avait le temps pour un petit grog avant de se sauver à nouveau.

La corsaire soupira à grand bruit, avachie sur la table - un vulgaire rondin. L'odeur du bois cendré, les volutes de tabac dans l'air et les vapeurs de rhum montaient en elle comme une sève, et ses poumons étaient ravis de retrouver cet air corsé de Port-Royal.

Port-Royal… Le cœur du territoire de sa plus redoutable ennemie. Ennemie depuis des lustres ma foie. Il y avait si longtemps qu’elle connaissait cette femme. Si longtemps qu’elle l’avait endurée même. Et voilà que pour une étrange raison qui échappe à tous, la femme à la tête de la Team Magma trainait en terre Aqua.
Selon nombreux c’était de la folie, sinon du suicide même. Mais pas pour Amy.

Nombreuses rumeurs courraient sur un retour potentiel de la légendaire rouquine mais toutes avaient été fausses jusqu’à peu et franchement, c’était chiant. Puisque sans Malika dans les parages, Amy ne pouvait que difficilement continuer, ça en devenait trop facile sans la présence de sa si légendaire rivale. Puisque si Amy vouait une haine certaine envers la corsaire, pour autant, elle l’admirait et avait un énorme respect pour elle. Puisqu’elle avait le mérite d’être perçue telle sa rivale et ce, depuis de longues années déjà. Mais voilà nombreux mois que leur route ne c’était pas croisée et franchement, elle s’en inquiétait presque. Ce n’était pas dans les habitudes de Malika de disparaitre sans laisser la moindre.

Oh certes, elle avait l’habitude d’aller se tapir dans l’ombre mais elle laissait des indices, quelques traces pour que la blondinette puisse demeurer assurée de son existence en temps normal.
Mais cette fois, il n’y avait rien eu de tout ça.

Elle avait disparue, sans doute en mer et fin de l’histoire.

Depuis la jeune femme au sang chaud errait ici et là dans Nootan en cherchant en vain de quoi s’occuper. Elle ne pouvait aller à Hoenn sous prétexte qu’il n’y avait rien à faire à Nootan. Et puis l’abandon n’était pas dans ses habitudes.

Car oui, aussi étrange et ironique que cela puisse paraitre, malgré leur innombrable prises de têtes, Amy se souciait encore et toujours de cette sirène maudite.
Et bien entendu, elle demeurait attentive aux mille et une rumeurs concernant un possible retour de la rouquine sur les terres de la région sauvage qu’était Nootan. Mais cette fois ça semblait différent aux yeux d’Amy, comme si elle avait le pressentiment que cette fois, c’était bel et bien la bonne. Bien qu’un doute demeurait présent en elle, par simple habitude d’être constamment sur une fausse piste, mais cette fois c’était différent.

Tant et si bien qu’une fois sur terre ennemie, elle avait libérée sa Pyroli pour tenter de retracer cette folle à la crinière de feu.

Mais comment la renarde de feu pourrait retrouver l’odeur de la jeune femme, là est sans doute une question que vous vous posez légitimement. Mais il serait bon de se souvenir que les deux jeunes femmes avaient jadis cohabitées ensemble et par conséquent, la blondinette avait conservée quelques ‘souvenirs’ de cette cohabitation pour conserver l’odeur de la corsaire, au cas où elle aurait besoin des sens développés de sa renard pour l’aider.
Et justement, elle avait sorti une petite pochette pour en sortir une mèche de cheveux rousse propre à la fameuse pirate. Mèche qu’elle tendait aussitôt à sa Pyroli qui huma longuement l’odeur avait de finalement lever son fin petit museau vers le ciel un instant puis finalement pointer ce même petit museau contre le sol tout en s’avançant lentement.

Profitant de cette instant de concentration chez Aruka, Amy rangea la mèche puis la pochette avant de reporter toute son attention sur sa femelle qui continuait d’avancer d’un pas lent pour s’assurer de bien humer tous les environs jusqu’à finalement s’arrêter, soutenant une patte avant dans les airs alors que ses longues et fines oreilles se mouvaient rapidement. Son imposante queue fouettait rapidement l’air avant que la renarde pousse finalement le cri tout en jetant un rapide coup d’œil envers sa dresseuse. Dresseuse qui hocha la tête avant que le Pyroli s’élance dans les rues de Port-Royal, rapidement imitée par cette même dresseuse. Heureusement qu’elle avait pensée à laisser ses longues robes pour la journée et prise une simple et courte jupe Lolita, ce qui lui assurait un déplacement bien plus rapide et agile. Ce pourquoi elle arrivait à maintenir une vitesse assez rythmée pour ne pas perdre la Pyroli de vue.

Courant toutes deux pendant près de 10 minutes, bien que la renarde s’arrêtait par moment pour ne pas épuiser son humaine, le duo s’arrêta finalement devant une porte, bien qu’elles s’en éloignèrent quelques instant pour reprendre leur souffle respectif.
Une échoppe ? Ou une taverne, elle ne saurait dire exactement de quoi il s’agissait, n’étant guère familière avec ce genre d’environnement à la base. Mais fausse piste ou non, elle en remercia sa précieuse amie en l’enlaçant dans ses bras, suivit d’un baiser contre son front, ce qui semblait fort plaire à la boule de poil qui ne cessait de se presser, frotter contre l’humaine en poussant quelques petits cris propre à elle. Mais ne pouvant s’attarder plus longtemps, le duo se sépara lorsque la renarde retourna d’elle-même dans sa Pokéball.

Ce n’était pas si idiot au final.
Elles étaient sur terre ennemie, donc jouer avec le feu n’était guère dans leur avantage pour cette fois. Mais malgré tout, elle libéra son petit Osselait qu’elle attrapa rapidement entre ses mains pour lui souffler quelques mots à l’oreille puis finalement le laisser grimper à son épaule pour mieux s’accrocher contre elle.
Il n’avait pas un avantage type sur ce terrain, c’était évidant.

Mais étant un récent ajout dans l’équipe de la Magma, et donc moins connue que Aruka ou surtout Riku, ça offrait un certain anonymat à Amy et elle en avait bien besoin, puisqu’elle sortait finalement de sa ‘cachette’ pour ensuite pousser la porte de ce trou… Bien qu’aussitôt un haut le cœur semblait la prendre, elle et Requiem… !

« … Bordel ! »

Finalement, Muk sentait presque la rose avec ça !
Mais ce juron à peine entrée avait attiré bien des regards à la jeune femme qui fit mine de rien pour éviter toutes questions. Et bien sur elle avait fixé le sol pour éviter que ses mirettes azurées ne la trompe. Ce n’était pas le moment de ce planté, elle était ici pour une seule et unique raison. Retrouver Malika.

Une fois ‘remise’ de cette insupportable odeur, la blonde s’avança finalement dans les lieux pour jeter un coup d’œil rapide. Il y avait énormément d’hommes, donc trouver une femme, rousse de plus est, n’était pas tant difficile en soit.

« … Eh ? »

Tant et si bien que moins de cinq minutes furent nécessaire à Amy avant de trouver ce qu’elle semblait tant convoiter. Mais débarquer devant elle, de face, de façon toute niaise et tout n’était guère dans ses habitudes. Et puis la distance les séparant était plus que suffisante pour que la blonde puisse se glisser derrière elle.

Ce qu’elle fit en s’approchant d’un pas lent, et puis avec tout le chaos auditif les entourant, les risques qu’elle soit entendue était fort maigres. Si bien qu’elle déposa ses mains contre ses épaules tout en venant souffler d’une voix un poil trop suave dans le creux de l’oreille de la rouquine…

« … Eh bien, si ce n’est pas ma tendre et douce que je retrouve enfin après tout ce temps… Tu aurais pu me filer une carte postale… Je commençais à m’inquiéter… ~ »

{Waish, tu m'inspires Geo. ;3; ♥}

» Now bring me that horizon.

Bring it on home ; Amy.

Bring it on home ; Amy.

Sujets similaires

Sujets similaires